Pendant longtemps, le jeu vidéo a été considéré comme un loisir relativement accessible. Dans les années 90 et 2000, malgré un coût initial pour une console ou un PC, les jeux étaient souvent proposés à des prix plus stables, et l’occasion permettait aux joueurs de s’équiper sans se ruiner. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé, entre le coût du matériel, la hausse des prix des jeux, les abonnements et les microtransactions, on peut se demander si le jeu vidéo ne devient pas un loisir réservé aux plus riches.

L’inflation touche tous les secteurs de l’économie, et le jeu vidéo ne fait pas exception. Ces dernières années, le coût de fabrication des consoles, des semi-conducteurs, et même de la distribution numérique a explosé, entraînant une hausse générale des prix.

  • Les composants électroniques (cartes graphiques, processeurs, mémoires SSD) ont vu leurs prix grimper à cause des pénuries de semi-conducteurs, aggravées par la pandémie et les tensions géopolitiques.
  • Les coûts de fabrication des consoles ont augmenté, ce qui a poussé Sony et Microsoft à revoir leurs tarifs à la hausse (ex: la PS5 est passée de 499€ à 549€).
  • L’inflation impacte aussi le pouvoir d’achat des joueurs, qui doivent faire des choix plus restreints face à cette hausse généralisée.

L’inflation joue donc un rôle clé dans cette montée des prix, mais ce n’est pas le seul facteur.

Le Coût de développement des jeux explose

Autrefois, développer un jeu prenait quelques années et nécessitait une équipe de quelques dizaines de personnes. Aujourd’hui, la situation est totalement différente.

Des Jeux plus ambitieux, donc plus coûteux

  • Les attentes des joueurs ont explosé : des mondes ouverts ultra détaillés, des graphismes en 4K photoréaliste, des animations ultra fluides… tout cela coûte cher.
  • Les studios doivent employer des centaines voire des milliers de développeurs (ex: Rockstar Games pour GTA VI, Ubisoft avec ses Assassin’s Creed).
  • Les jeux modernes nécessitent souvent 5 à 8 ans de développement, contre 2 à 3 ans auparavant.

Des budgets qui atteignent des sommets

Autrefois, un jeu AAA coûtait entre 10 et 50 millions de dollars. Aujourd’hui, certains jeux atteignent des budgets de plusieurs centaines de millions :

  • GTA VI : Plus d’1 milliard de dollars (rumeurs).
  • The Last of Us Part II : 200 millions de dollars.
  • Cyberpunk 2077 : 300 millions de dollars.

Des coûts de main-d’œuvre plus élevés

Les salaires des développeurs ont aussi augmenté, notamment à cause du télétravail, de la crise du recrutement et des conditions de travail difficiles dans l’industrie.

Les studios doivent donc récupérer ces investissements… et cela se ressent sur le prix des jeux.

1) Le prix du matériel : Un premier barrage

L’achat d’un support pour jouer (console ou PC) représente un premier investissement, et ce coût a explosé ces dernières années. Les consoles de dernière génération ont vu leurs prix augmenter, ce qui en fait des produits de plus en plus coûteux à l’achat.

PlayStation 5 : Initialement lancée à 499,99€, la version standard coûte aujourd’hui 549,99€, et la Pro est à 799,99€.

Xbox Series X : Aussi proposée à 549,99€, soit une augmentation de 50€ par rapport au prix initial.

Nintendo Switch : Bien qu’elle soit plus ancienne et « abordable » (aux alentours de 300€), les rumeurs sur une Switch 2 laissent présager un prix plus élevé pour la prochaine génération.

Sans oublier que les accessoires officiels sont également plus chers qu’avant :

  • Une manette DualSense coûte entre 70 et 80€, bien plus que les DualShock de la génération précédente.
  • Un casque audio gaming de qualité peut facilement dépasser 100€.
  • Les SSD NVMe pour étendre le stockage coûtent jusqu’à 200€ pour 1 ou 2 To, un passage quasi obligatoire pour les jeux next-gen qui prennent beaucoup de place.

De plus, aujourd’hui, avec des consoles comme la PS5 Pro, pour en profiter au maximum, on est obligé d’acheter une nouvelle télé dernier cri qui vaut entre 1500-2500€. Pour n’importe quel foyer avec des salaires qui à voisine le Smic qui a des charges, des enfants, c’est IMPOSSIBLE.

Le marché du PC gaming a été particulièrement touché ces dernières années, notamment à cause de la pénurie de semi-conducteurs et de la spéculation sur les cartes graphiques :

  • Une config gaming correcte en 2024 coûte entre 1200 et 2000€ pour espérer jouer en 1440p ou en 4K.
  • Une RTX 4070 Ti ou 4080, nécessaires pour jouer en haute définition avec un bon framerate, coûte plus de 1000€ à elle seule.

Le PC reste une option plus économique sur le long terme grâce aux promos Steam et aux jeux moins chers, mais l’investissement initial est énorme.

2)L’Augmentation du prix des Jeux : Une douche froide pour les joueurs

Autrefois vendus à 70€ en moyenne, les jeux AAA ont vu leur tarif standard grimper à 80€ sur PlayStation et même sur Xbox. Certains éditeurs justifient cette hausse par l’augmentation des coûts de développement, mais cela reste un coup dur pour les joueurs.

  • Final Fantasy VII Rebirth : 80€
  • Call of Duty : Modern Warfare III : 80€
  • Hogwarts Legacy : 80€
  • Zelda: Tears of the Kingdom : 70€

Il faut aussi ajouter les éditions spéciales et collector, qui dépassent fréquemment les 150 voire 250€, carrément 300€ Coucou, Square-Enix !

Le Cas des abonnements : Une bonne affaire ?

Face à cette hausse, les abonnements comme le Game Pass ou le PS+ Extra/Premium sont présentés comme des alternatives intéressantes, mais là encore, leur coût augmente :

  • Game Pass Ultimate : 14,99€/mois (180€/an)
  • PlayStation Plus Premium : 152€/an
  • Nintendo Switch Online + Pack Additionnel : 50€/an

Sur une année, ces services coûtent quasiment aussi cher qu’acheter plusieurs jeux neufs.

3)Microtransactions, DLCs et Jeux incomplets : L’Industrie cherche à faire dépenser plus

L’un des plus gros changements dans l’industrie est l’intégration des microtransactions, autrefois réservées aux jeux mobiles mais désormais omniprésentes dans les jeux console et PC.

  • Les jeux « Game as a Service » comme Fortnite, FIFA ou Call of Duty incitent les joueurs à acheter des battle pass, des skins, et d’autres objets cosmétiques.
  • Les lootboxes (FIFA Ultimate Team, CS:GO, etc.) introduisent une part d’aléatoire qui pousse à la consommation.
  • Les DLCs sont devenus une norme, et certains jeux sortent même avec du contenu coupé pour être vendu séparément (ex: Street Fighter 6 et ses personnages en DLC).

Un joueur qui achète un jeu peut être amené à dépenser bien plus que son prix initial.

4)Le coût caché du Jeu en ligne

Autrefois gratuit sur PC et sur PlayStation jusqu’à la PS3, le jeu en ligne est devenu un service payant sur consoles. Aujourd’hui, pour jouer en multijoueur sur PS5 ou Xbox, il faut s’abonner à :

  • PS+ (Essential, Extra ou Premium) à partir de 72€/an
  • Xbox Game Pass Ultimate ou Xbox Live Gold à partir de 120€/an

Ces abonnements sont indispensables pour jouer à des jeux comme Call of Duty, FIFA sur console, ce qui rajoute un coût récurrent.

5)Comment Jouer sans se ruiner ?

Malgré cette hausse généralisée des prix, il existe encore des moyens d’économiser :

Acheter en Occasion ou en Promotion

  • Le marché de l’occasion reste une solution, même si Sony et Microsoft cherchent à privilégier le digital.
  • Les promotions sur Steam, Epic Games Store ou PlayStation Store permettent d’acheter des jeux moins chers.

Privilégier le Cloud Gaming ?

  • Des services comme GeForce Now ou Xbox Cloud Gaming permettent de jouer sur un PC ou une console moins puissante.
  • Cela évite d’investir dans du matériel coûteux, mais nécessite une très bonne connexion.

Les jeux Indés et Free-to-Play

  • De nombreux jeux indépendants offrent une expérience de qualité à moindre coût (ex: Hades, Hollow Knight, Celeste).
  • Certains jeux free-to-play sont viables sans trop de microtransactions (ex: Warframe, Path of Exile, Fortnite).

6)Conclusion : Le Jeu Vidéo devient-il un Loisir de Luxe ?

Aujourd’hui, il est indéniable que le jeu vidéo devient un loisir plus coûteux qu’auparavant. Entre le prix du matériel, la hausse des jeux, les abonnements et les dépenses en microtransactions, suivre l’actualité vidéoludique demande un budget de plus en plus conséquent. L’inflation, l’augmentation des coûts de développement et la course à la rentabilité font que le jeu vidéo devient un loisir plus cher que jamais.

Entre consoles à 800€, PC à 2000€, jeux à 80€, DLCs et microtransactions, et abonnements obligatoires, de nombreux joueurs doivent faire des choix ou renoncer à certaines expériences.

L’avenir du jeu vidéo sera-t-il réservé à une élite prête à dépenser sans compter, ou y aura-t-il des alternatives viables pour tous les joueurs ?

Les alternatives existent : abonnements, marché de l’occasion, jeux indés, ou encore cloud gaming permettent encore de profiter du médium sans se ruiner.

Le vrai problème est que cette course à la rentabilité risque d’exclure progressivement certains joueurs, surtout les plus jeunes ou ceux avec des revenus limités. Si l’industrie continue sur cette lancée, le jeu vidéo pourrait bien perdre son image de loisir universel pour devenir un produit réservé à ceux qui peuvent se l’offrir, la fameuse Élite !

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