
Ce test a été fait grâce à une clé envoyée par PlayStation France.
Lorsque Death Stranding est sorti en 2019, il a déclenché une onde de choc dans le paysage vidéoludique. Certains l’ont détesté, d’autres l’ont vénéré. Peu de jeux peuvent se vanter d’avoir autant divisé, et paradoxalement, c’est ce qui faisait toute la force de cette œuvre à part. Une expérience où la pénibilité était une métaphore, où chaque pas était une conquête, où le lien social était au centre d’un gameplay lent, pesant, mais infiniment signifiant. Six ans plus tard, Death Stranding 2: On the Beach arrive avec une ambition claire, proposer une suite plus dense, plus belle, plus « jeux vidéo » diront certains. Et sur bien des aspects, le pari est réussi. Mais si j’ai été émerveillé, transporté, ému, je suis aussi resté avec ce petit goût amer dans la bouche, celui de la facilité. Death Stranding 2 est une œuvre formidable, mais elle n’a plus l’arête de son aîné. Et c’est peut-être là, justement, sa seule vraie faiblesse.






Kojima n’a rien perdu de son talent de conteur. Death Stranding 2 reprend quelques années après les événements du premier opus. Sam Porter Bridges, toujours incarné avec une justesse étonnante par Norman Reedus, n’est plus tout à fait le même homme. Le monde non plus. Le réseau chiral a porté ses fruits, mais de nouvelles menaces émergent. La mort, le souvenir, la filiation, la frontière entre les mondes, autant de thèmes que le jeu aborde avec une complexité rare, dans un enrobage à mi-chemin entre la science-fiction et le récit mystique. Les nouveaux personnages sont, comme toujours chez Kojima, fascinants. Elle Fanning campe un rôle poignant, aussi énigmatique que charismatique. Shioli Kutsuna livre une performance nuancée et mémorables. Le casting est d’une richesse folle, mais jamais gratuit, chacun a une résonance thématique. Il y a une mélodie humaine qui traverse tout le jeu, où la voix des personnages résonne longtemps après avoir posé la manette. Les cinématiques sont longues, ambitieuses, délibérément lentes parfois. Mais c’est aussi dans cette démesure que l’on reconnaît l’auteur. Death Stranding 2 est un jeu qui n’a pas peur de prendre son temps, de vous regarder dans les yeux et de vous raconter quelque chose. Il ose encore. Et à l’heure où le médium tend à se formater, c’est une forme de courage artistique qui force le respect. Un point plus discutable toutefois, l’omniprésence des références à Metal Gear. Elles sont nombreuses, parfois bienvenues, mais souvent un peu trop appuyées. On sent que Kojima règle encore ses comptes avec Konami, et cette rancœur s’exprime parfois de manière presque enfantine, comme un pied de nez qui revient un peu trop souvent. Cela alourdit certains passages et rompt légèrement avec l’identité propre de Death Stranding, comme si Kojima n’avait pas totalement tourné la page. Un clin d’œil ou deux auraient suffit, ici, cela devient presque grossier.






C’est sans doute là que le bât blesse un peu. À l’époque du premier Death Stranding, la manière de déplacer un paquet sur un terrain accidenté était un enjeu. Monter une pente était une mission. Traverser une rivière, un risque calculé. La topographie était votre véritable ennemi. Ce gameplay de la contrainte, unique en son genre, divisait, mais il avait le mérite d’être profondément métaphorique, reconstruire un monde ne devait pas être facile. Dans Death Stranding 2, le gameplay a évolué. Tout est plus fluide, plus permissif. Les outils sont nombreux, l’assistance technologique est presque omniprésente. C’est grisant, on ne va pas se mentir. Mais c’est aussi moins signifiant. Cette pénibilité que j’avais tant aimée, ce plaisir du dur, du laborieux, de l’accomplissement à la sueur de ses pouces a disparu. En rendant la traversée plus facile, le jeu sacrifie une partie de son identité. Et bien que je comprenne la volonté de ne pas reproduire le même clivage que le premier opus, je ne peux m’empêcher de ressentir un brin de nostalgie pour cette difficulté assumée.







Autre évolution notable, la place du combat. Dans le premier opus, les affrontements étaient rares, souvent évitables, et gardaient une tension particulière. Ici, les phases de gunfight sont plus nombreuses, plus développées, presque incontournables par moments. Attention, elles sont excellentes. Le système de visée est efficace, les armes variées, les ennemis parfois redoutables. Les boss sont spectaculaires, à l’image d’une mise en scène qui rappelle les heures de gloire de Metal Gear Solid. C’est fun, bien exécuté, et jamais inutile. Mais à force d’être plus « jeu d’action », Death Stranding 2 s’éloigne d’une certaine pureté conceptuelle. Ce n’est pas qu’il trahit ses origines, mais il les dilue un peu. Le silence, la solitude, le doute, ces éléments qui faisaient la force du voyage originel, laissent parfois place au bruit, à la mécanique, à la frénésie.






Visuellement, Death Stranding 2 est une claque. Le Decima Engine, déjà impressionnant sur le premier opus, atteint ici une forme de perfection. Les paysages sont à couper le souffle, les effets de particules bluffants, la gestion de la lumière admirable. Mais plus que la technique pure, c’est la direction artistique qui impressionne. Les environnements oscillent entre le réalisme brut et le surréalisme onirique. Le jeu assume ses visions folles, ses délires visuels, ses contrastes radicaux. L’interface est épurée, les menus mieux pensés, la navigation intuitive. Quant à la musique, elle reste un personnage à part entière. Les nouveaux artistes choisis par Kojima viennent ponctuer le gameplay avec une mélodie douce-amère qui serre le cœur. Chaque accalmie est une respiration poétique. Chaque lever de soleil devient une scène de film.







Pour conclure, Death Stranding 2 est un chef-d’œuvre. Un jeu que je n’oublierai jamais. Il m’a bouleversé, transporté, questionné. Il confirme que Kojima est l’un des rares créateurs à oser proposer une vision, à traiter le jeu vidéo comme un médium artistique à part entière. Mais en cherchant à plaire davantage, il a aussi perdu un peu de son caractère. Le premier Death Stranding était pénible, rébarbatif, inconfortable et c’était sa grandeur. Cette suite, elle, est plus aimable, plus docile, plus fun. Et même si elle fait presque tout mieux, elle ne m’a pas fait ressentir cette même étrange transcendance que j’avais connue en livrant un colis sous la pluie battante, à bout de souffle. Et puis il y a ces trop nombreuses références à Metal Gear, qui cassent parfois la magie. Comme si Kojima, malgré tout son génie, n’arrivait pas à tourner définitivement la page. C’est un peu puéril, un peu trop appuyé, et cela nuit à la singularité de son nouvel univers. Cela dit, ne boudons pas notre plaisir. Death Stranding 2 est un jeu rare, précieux, magnifiquement réalisé. Un voyage à faire, à vivre, à ressentir. Car même si l’on est plus dans ses chaussons que dans ses bottes, on reste, encore et toujours, en marche vers l’autre…












Les Plus :
- Une narration forte et émouvante
- Un casting exceptionnel
- Une direction artistique à couper le souffle
- Techniquement irréprochable
- Un monde plus riche, plus vivant
- Un gameplay plus fluide, plus moderne
- Une musique toujours aussi bouleversante
Les Moins :
- Une pénibilité disparue qui rendait le premier unique
- Des gunfights un peu trop prégnants
- Une certaine redondance, un manque de surprises
- Des références à Metal Gear trop appuyées, parfois puériles… Koko, on a compris que Snake te manquait…



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