
Entre passion, frustrations et petites victoires, le monde du test de jeux vidéo n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Derrière chaque clé envoyée, chaque note attribuée et chaque relation presse, il y a des enjeux d’influence, de confiance et parfois de désillusion. Dans cet article, je vous raconte sans filtre les coulisses de ce milieu, les vagues de distribution, les éditeurs, les cadeaux, les press-kits et les voyages, vus de l’intérieur, avec la sincérité d’un testeur indépendant qui fait son chemin loin des projecteurs.

1 . Journalistes, testeurs et éditeurs, la vérité sur les clés, les RP et le monde du jeu vidéo :
Dans le monde du jeu vidéo, il existe trois vagues distinctes pour la réception des clés de test :
La première vague est réservée aux gros influenceurs et grands groupes de presse : Julien Chieze, Jeuxvideo.com, Gamekult, IGN France, etc.
La deuxième vague concerne les créateurs un peu plus modestes, les YouTubeurs comme The Share Players, les comptes Twitter/X à forte audience.
Enfin, arrive la troisième vague : les petits sites, les testeurs indépendants… dont je fais partie.
Tout dépend de l’éditeur et du relation presse (RP). Par exemple, je reçois parfois mes clés dès la première vague chez Ubisoft, Xbox France ou Don’t Nod. Mais pour d’autres comme EA, PlayStation France ou Konami, c’est très souvent le jour de la sortie, voire après. Résultat, mes tests sortent souvent plus tard que ceux des gros, parce que je suis désavantagé d’office. C’est frustrant, mais logique. Je n’ai pas la même “puissance de frappe” qu’un Julien Chieze. Il m’arrive aussi d’avoir des refus, du genre “désolé, on n’a plus de clé”, alors qu’en parallèle, certains influenceurs organisent des concours pour en faire gagner… Le fonctionnement, lui, est assez simple, soit on est contacté directement par un éditeur, comme ça m’est arrivé avec Capcom, soit on se débrouille pour trouver les bons contacts RP sur Internet. Ensuite, à chaque sortie, on reçoit un mail avec un formulaire de demande, mais rien ne garantit qu’on recevra une clé. Parfois, tu remplis le formulaire et… silence radio. Chez Bandai Namco, c’est presque systématique, formulaires remplis, mais jamais de clé.
Autre difficulté, les RP changent tout le temps. Un jour, tu es en contact avec une personne géniale, deux ans plus tard, elle annonce son départ, et tu dois tout recommencer à zéro. J’ai d’ailleurs souvent l’impression que peu de gens dans les RP sont en CDI, car ça bouge sans arrêt. Et personne ne prévient des changements. Tu découvres la nouvelle équipe au moment où ton mail revient dans le vide. Bref, ce n’est pas simple, c’est une guerre permanente entre les gros “Yes-men” avantagés et les petits qui doivent se battre pour exister.

2 . Faut-il donner un avis positif pour continuer à recevoir des jeux ?
Non, pas forcément. Personnellement, j’ai toujours donné un vrai avis. Mais oui, il m’est déjà arrivé d’avoir des retours d’éditeurs concernant mes notes. Chez Capcom, on m’a déjà proposé de “reprendre un peu de temps avec le jeu” pour voir si je maintenais ma note. Mais après une discussion honnête, ils ont compris que mon 2/10 n’allait pas bouger. Et malgré ça, ils continuent de m’envoyer des clés, preuve qu’ils respectent les avis francs. Chez Ubisoft, j’ai déjà eu un retour car j’avais mis “la plus basse note de tous ceux ayant reçu une clé”. J’avais donné un 6/10 à Avatar, parce que c’était la note que le jeu méritait. Je leur ai expliqué que je n’étais pas Julien Chièze, que je n’étais pas là pour promouvoir leur dernière sortie, mais pour donner un vrai avis. Le message est passé, et depuis, ils continuent de me faire confiance. Le seul vrai clash que j’ai eu, c’est avec Nintendo France. On discutait d’une clé pour un jeu, et soudain, ils m’ont rappelé un article que j’avais publié intitulé “La Switch OLED, la Sodomie”. Le titre a clairement déplu. Ils m’ont expliqué que ça ne passait pas en interne et qu’ils arrêtaient toute collaboration. Depuis, silence radio complet. Pareil avec Microids, au début, ils m’envoyaient tout, mais après plusieurs mauvaises notes (méritées), plus aucune nouvelle. Heureusement, certains éditeurs restent très pros et ouverts, PlayStation, Xbox, Plaion, Konami, EA ou encore Capcom. Capcom, d’ailleurs, est présent chaque année pour le concours anniversaire de mon site, eux, c’est la famille. Ils savent qu’un vrai test, c’est un avis sincère, pas une opération marketing.

3 . Les clés, les press-kits et les voyages de presse : cadeau ou outil de travail ?
Pour moi, les clés de test sont à la fois un cadeau et un outil de travail.
Quand je teste trois ou quatre jeux par mois, à 80 € l’unité, je ne peux pas me permettre de tout acheter. Sans ces clés, je ne pourrais tout simplement pas faire mon « boulot ». C’est ma voiture de fonction, on te donne l’outil pour faire ton travail, tu en as besoin pour avancer. À mes débuts, on recevait encore des versions physiques, de petites boîtes, puis parfois les versions complètes comme dans le commerce. Aujourd’hui, tout est passé au dématérialisé, probablement pour des raisons de coût. Certains, comme Plaion, continuent les versions physique et envoient encore parfois des press-kits physiques, mais c’est devenu rare.
Évidemment, les gros influenceurs, eux, continuent d’en recevoir, avec parfois même des consoles.
Et c’est là que je trace la ligne, recevoir une clé, c’est normal. Recevoir une PS5 Pro à 800 €, c’est un vrai cadeau d’influence. Je ne suis pas contre que les gros médias y aient accès, Jeuxvideo.com, Gamekult, etc. Mais pour les YouTubeurs, ça devient abusé. On ne parle plus d’un outil de travail, mais d’un produit de luxe offert.
Les voyages de presse, c’est encore un autre niveau. Je ne suis pas invité à ce genre d’événements, mais certains influenceurs partent en voyages tous frais payés, avion, hôtel, repas, hélicoptère, etc.
Dernièrement, par exemple, Konami a invité des créateurs à New York pour tester Metal Gear Solid Δ (Delta) en exclusivité. Résultat, ils ont tous dit du bien du jeu. Moi ? J’ai mis une note bien plus basse, en tant que fan de la licence, parce que j’ai jugé le jeu honnêtement. C’est la preuve que ces événements servent surtout à acheter des avis positifs.

4 . Quand un cadeau arrive après coup : l’exemple du collector d’Assassin’s Creed Mirage
Il m’est déjà arrivé de recevoir un vrai cadeau matériel, totalement inattendu. C’était avec Ubisoft, pour Assassin’s Creed Mirage. J’avais adoré le jeu et, dans mon test, j’avais simplement glissé que je regrettais d’avoir manqué le collector, introuvable à ce moment-là. J’avais déjà reçu la clé, publié mon test, et envoyé le lien au RP d’Ubisoft. Peu après, il m’a proposé de m’envoyer le collector du jeu. J’ai hésité. Je me suis demandé si accepter ce cadeau pouvait influencer, consciemment ou non, mes futurs tests. Mais le contexte était clair, le test était sorti, l’avis déjà posé. C’était simplement un geste sincère de leur part. J’ai donc accepté, et je ne le regrette pas. Parce que, croyez-moi, les jeux Ubisoft qui ont suivi ont pris cher quand il le fallait. Le collector est sur mon étagère, mais mon indépendance, elle, n’a pas bougé d’un poil.

Conclusion : Entre passion, éthique et réalité, le vrai visage du test de jeux vidéo
Au final, le milieu du test et du journalisme de jeux vidéo est un équilibre fragile entre passion, marketing, relations humaines et indépendance. De l’extérieur, on imagine souvent un univers de rêve.bDe l’intérieur, c’est un environnement où tout repose sur la confiance, le respect mutuel, et parfois… la diplomatie. Les trois vagues de distribution montrent bien que tout le monde ne joue pas avec les mêmes cartes. Les gros ont les moyens et la visibilité ; les petits, eux, doivent redoubler de travail pour se faire entendre. Mais au final, ce qui fait la différence, ce n’est pas la taille du média, c’est la sincérité du propos. Je préfère sortir un test en retard, mais honnête, plutôt qu’un test complaisant à la sortie du jeu. Je préfère dire ce que je pense, quitte à perdre des partenariats, plutôt que de trahir mes lecteurs.
Le jeu vidéo est une industrie incroyable, vivante, mais imparfaite. Et dans ce milieu où tout peut s’acheter, visibilité, influence, partenariats, il reste une chose qu’on ne peut pas monnayer, l’authenticité. Alors oui, je ne suis pas le plus suivi, ni le plus “influent”. Mais au moins, chaque mot que j’écris, chaque note que je donne, c’est moi. Pas un communiqué de presse, pas un brief marketing, juste un passionné qui dit ce qu’il pense. Et tant qu’on me laissera le faire, je continuerai. Parce que malgré tout, dans ce milieu plein d’ego, de chiffres et de cadeaux, il reste encore des voix sincères. Et c’est à nous, les petits, de les faire entendre. Et comme on dit toujours sur Noragequit.com… Pas pour la Pa$$ion, mais pour la CULTURE.



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